Entretien avec Sophie TELLIER, comédienne et marraine du projet.
Quelle a été ta réaction lorsque tu as entendu parler pour la première fois du projet « En Routine » ? Qu’as-tu pensé du fait qu’un hôpital souhaite chanter sur l’air de « Libertine » ?
J’ai été évidemment surprise et surtout amusée par le décalage. J’aime bien le principe de « cover » en général, et la créativité qui en découle… quand c’est réussi bien sûr. Je trouve que le détournement est toujours intéressant. Utiliser la musique joyeuse et légère d’une chanson des années 80 pour parler de vigilance à l’hôpital, c’est culotté !
Qu’est-ce qui t’a plu dans ce projet ? Pourquoi as-tu accepté d’en être la marraine ?
Ce qui m’a plu, c’est que des professionnels de la santé utilisent un clip décalé avec ce tube très « identifié », me semble-t-il. J’aime être surprise, j’aime le changement…
La mission du projet m’a semblé très importante, voire primordiale : la prévention, le « rappel à l’ordre » sur l’observation, la concentration, l’attention particulière et parfois vitale que requiert ce métier hospitalier.
L’hôpital de Sète m’a présenté son projet précédent [HOP’STARS, ndlr], très réussi. Vu son professionnalisme et son objectif, je ne pouvais qu’accepter ce clin d’œil à mes jeunes années. Ça m’a aussi touchée qu’on pense à moi.
J’ai peut-être aussi accepté d’être la marraine car mon frère et ma belle-sœur travaillent dans le milieu hospitalier et c’était chouette de me glisser un peu dans leur milieu, pour le toucher du doigt, le connaître un peu mieux, apprendre un peu comment ça se passe… et leur faire comme une sorte d’hommage. Je n’ai jamais joué un rôle d’infirmière.
« Utiliser la musique joyeuse et légère d’une chanson des années 80 pour parler de vigilance à l’hôpital, c’est culotté ! »
Tu es venue à la rencontre des professionnels de l’hôpital de Sète pour tourner avec eux le court-métrage : comment as-tu vécu ces deux jours de tournage ?
J’ai reçu un accueil absolument formidable. Et la ville est très plaisante. Le tournage a été très agréable, à la fois très professionnel dans l’organisation, avec une équipe de choc. Beaucoup d’écoute et de concentration, mais avec une forme de décontraction quand même… Il y avait un bon état d’esprit.
Qu’est-ce qui t’a le plus marquée lors de cette rencontre avec les hospitaliers ?
Leur disponibilité, leur désir de bien faire, leur modestie et leur gentillesse.
Comment as-tu aidé des professionnels de santé, qui ne sont pas comédiens, à trouver leurs marques dans cet univers particulier du plateau de tournage ?
Ils étaient tous très investis et très à l’écoute d’une équipe technique au taquet. J’ai juste essayé de guider certains vers le « non-jeu ». J’ai essayé d’être l’œil extérieur, de préciser une ou deux intentions, gommer quelques mimiques trop appuyées par exemple, ou les aider à trouver leur place dans le cadre… Il y a une grande différence entre ce qui est réellement en place sur le plateau et ce qu’on voit à l’image : il faut préciser l’espace, les placements…
« L’Art est un moyen original de voir les choses sous un autre angle »
Tu as une carrière très riche et diversifiée ; est-ce que tu as déjà partagé des projets comme celui-ci avec un univers professionnel différent du tien ?
Non, je ne crois pas vraiment pour ce qui est de sa « mission ». Mais bien sûr, on tourne parfois dans des univers très singuliers et qui nous sont très étrangers. Ainsi, j’ai tourné un film pendant les 24 heures du Mans par exemple, le monde des courses de motos, un environnement très loin de moi…
A travers ce projet, l’hôpital de Sète essaie d’utiliser l’Art au service d’un message très sérieux : penses-tu que ce soit un bon moyen de communication dans un monde professionnel ?
Absolument ! Je crois vraiment que l’Art peut et doit servir aussi à ça. C’est un moyen original d’apporter un autre éclairage, de voir les choses sous un autre angle, qui peut aider à les comprendre mieux… Mais il faut évidemment que les projets soient sérieux et motivés.
Ces nouveaux formats de communication peuvent surprendre ou effrayer (on entend parfois : « ce n’est pas sérieux », « on n’a pas le temps pour ça »…). Peut-on rassurer les professionnels face à de tels préjugés ?
Oui, bien sûr. Il faut ouvrir les esprits et se battre contre toutes les formes de préjugés.
« En Routine » est une réinterprétation de la chanson « Libertine » et de son clip, avec quelques clins d’œil appuyés : as-tu été amusée ou surprise par ces hommages ?
Amusée, bien sûr !
Que retiens-tu de cette aventure ?
Une grande vague positive ! Et de belles rencontres humaines… On recommence quand ?