Oser l’inattendu

Entretien avec Etienne COLLINWOOD, illustrateur.

Te souviens-tu de la première fois où tu as entendu parler de ce projet ? Qu’en as-tu pensé ?

Comme toutes les bonnes idées, celle-ci est arrivée sans crier gare… Fin 2022, pendant un déjeuner de travail avec Michael [BESSE, ndlr], celui-ci me confie que l’idée de travailler sur une reprise de « Libertine » le tarabuste depuis un moment…

La question devient de plus en plus sérieuse, jusqu’à ce qu’il finisse par m’annoncer ce qui sera notre point de départ : l’écriture de la chanson, qui sera produite puis accompagnée d’un clip… J’ai toute confiance en Michael depuis nos projets précédents [notamment une campagne d’affiches pour la Semaine de la Sécurité des Patients, récompensée par le Prix FHF-MNH de la Communication hospitalière, ndlr] et je le suis donc sans hésiter. Fidèle à lui-même, les nouvelles idées ont fusé à chaque rendez-vous, mais j’ai réalisé que les choses prendraient vraiment une tournure particulière lorsque la participation de Sophie Tellier, rivale historique de Mylène Farmer dans ses premiers clips cultes, a commencé à être évoquée…

Les affiches dessinées par Etienne Collinwood pour la Semaine de la Sécurité des Patients (édition 2022) ont été récompensées par le Prix FHF-MNH de la Communication hospitalière en 2023.

Tu as dessiné le premier visuel du film dès la phase de pré-production : quelles ont été tes inspirations pour cette affiche ?

Le tournage n’ayant pas encore eu lieu, il s’agissait de créer une première ébauche de l’univers du film sans trop en révéler ; le propre d’un teaser est de suggérer beaucoup avec peu d’éléments… Le titre écrit par la ligne d’un électrocardiogramme avec son petit soubresaut est un clin d’œil aux effets de l’adrénaline évoquée dans les paroles – et qui a bien failli être notre premier titre.

La gamme de couleur est choisie à dessein également : j’avais réalisé une première version bleu-vert inspirée par les écrans de scène de la tournée 2009 de Mylène Farmer (notamment le tableau sur les chansons « Dégénération / Désenchantée », tout en radiographies et images infrarouges) et c’est finalement une seconde version rouge vif qui sera plus largement utilisée. Outre son côté plus nerveux, plus « urgent », cette couleur est comme une signature pour notre « guest » enchantée, Sophie : sa robe, son rouge à lèvres, ses photos…

Les premiers essais, depuis le titre d’origine du projet (« Adrénaline ») jusqu’à l’affiche teaser définitive.

Tu joues un rôle dans le film : comment as-tu vécu ces deux jours de tournage ?

Intensément ! Peu de temps – et peu de sommeil – mais parfaitement utilisé. Une telle efficacité n’est possible que si chacun y met du sien, et en l’occurrence toute l’équipe était d’un professionnalisme hallucinant. Connaissant l’expérience de Sophie au théâtre et à l’écran, les réalisateurs ont fait appel à ses lumières pour la mise en scène. Elle s’est si bien prise au jeu que son enthousiasme était contagieux. Tout comme l’héroïne Virginie [DELORME, infirmière, ndlr], l’énergie des personnages principaux a galvanisé toute l’équipe.
Concernant mon rôle, il est relativement discret, mais le scénariste m’a tout de même fait le beau cadeau d’une scène quelque peu… impactante ! Ce qui était au départ une private joke entre nous a fini par intégrer le scénario, et je ne vais pas bouder mon plaisir d’avoir partagé ce moment à l’écran avec la rivale de Libertine ! S’il est vrai que l’univers du film « En Routine » est à des années-lumière de celui du clip original, quelques références à des scènes-clés ont été glissées ici et là… À vous de les trouver !

Au premier plan, la comédienne Sophie Tellier et Etienne Collinwood, ainsi que Virginie Delorme et Julian Gressien

Des moments qui t’ont marqué en particulier ?

Forcément, « la » fameuse scène que vous découvrirez, qui restera gravée aussi bien dans ma mémoire que sur ma joue… Plus largement, découvrir un tournage était tout nouveau pour moi, et surtout, je suis ravi d’avoir enfin fait la connaissance en personne des Sétois avec qui je correspondais depuis presque un an. 

Je retiendrai aussi tout l’avant et l’après de ces trois jours : les grands échanges d’idées, celles qui étaient décidées dès le départ et toutes les surprises ensuite… en particulier, l’arrivée de Sophie dans le projet, qui aura été un merveilleux cadeau pour tout le monde. Jamais je n’aurais imaginé ça quelques mois plus tôt !

Penses-tu que l’Art puisse servir à transmettre des messages « sérieux », dans un environnement tout aussi sérieux comme l’hôpital ?

Et comment ! Une image vaut mille mots, c’est bien connu, à plus forte raison quand elle est réussie. « Plaire et instruire » dirait La Fontaine…  Sur ce projet comme sur les précédents, nous partageons le même enthousiasme pour les supports de communication originaux et pensons qu’il ne faut pas hésiter à oser proposer des choses inattendues pour marquer le public… n’est-ce pas justement le but de notre travail ? J’apprécie particulièrement l’ouverture d’esprit des Hôpitaux du Bassin de Thau : dès notre premier projet ensemble, ils ont accepté mon travail, mes idées et mon style graphique sans réserve, me laissant carte blanche. Certains commanditaires pourtant bien plus proches des domaines artistiques n’ont pas forcément toujours ce respect-là pour la vision des artistes, c’est dommage…

Tu dessines actuellement l’affiche pour accompagner la sortie du film : peux-tu nous révéler quelques secrets en avant-première ?

Je peux d’ores et déjà dévoiler que le design a changé par rapport aux teasers utilisés jusque-là : j’ai dessiné un tout nouveau logo pour l’occasion, lequel sera également intégré au film – l’animation est en cours et ça se présente très bien, merci Julien [DERUELLE, ndlr] – et les personnages seront également de la partie… Toujours du rouge bien évidemment, et je remets le nez dans mes références cinématographiques ; pour tout dire, je lorgne particulièrement sur les visuels des films de Tarantino en ce moment…

En 2022, Etienne Collinwood a dessiné le logo officiel du Studio HBT, animé en 2023 par Julien Deruelle, pour le film « En Routine ».

Quel souvenir garderas-tu de cette aventure ?

Un très beau souvenir… Et la certitude qu’on n’a jamais fini d’être surpris ! On recommence quand ?

Une partie de l'équipe sur le plateau de tournage.

Découvrez l’univers d’Etienne sur le site officiel

The Art of Collinwood